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Le 8 mars – Journée Internationale des Droits des femmes – est une date essentielle pour rappeler que l’égalité entre les femmes et les hommes reste un combat quotidien. Certains acquis en matière de droits des femmes sont remis en cause, encore aujourd’hui, et des inégalités persistent dans tous les domaines de la société. C’est dans ce contexte que la Wallonie annonce des mesures fortes : une augmentation des moyens alloués aux initiatives du Pôle (DIViCo) ainsi que son appel à la mise en place d’un numéro d’appel unique à trois chiffres.
En effet, les violences au sein de la famille restent difficiles à identifier. Pendant longtemps, ni le législateur ni le juge n’ont questionné l’autorité exercée par l’époux et le père sur la femme et les enfants, laissant se multiplier des situations de maltraitance. Si, au fil des décennies, l’intérêt pour la lutte contre les violences faites aux femmes a mené à des avancées majeures, au début du XXIe siècle, les victimes restent toujours en grande majorité des femmes, et les auteurs de violences en grande majorité des hommes.
Lutter contre les violences faites aux femmes nécessite donc une approche globale et interdisciplinaire en vue de protéger les victimes, mais aussi de prévenir les violences, de sensibiliser, et d’assurer un accompagnement adapté des auteurs pour éviter la récidive.
1. Une ligne d’écoute spécialisée : 0800 30 030
Gratuite, anonyme et disponible 24h/24, cette ligne d’écoute constitue un premier recours essentiel pour les victimes de violences conjugales, leurs proches ainsi que les professionnels de terrain et les auteurs de violence.
Elle offre :
• Un accompagnement bienveillant et confidentiel permettant aux victimes d’exprimer leur vécu ;
• Une évaluation des risques afin de mieux orienter les appelantes vers les structures adaptées ;
• Une écoute sécurisée dans un contexte souvent marqué par la peur et la détresse.
L’an dernier, 13 067 appels ont été traités, soit une moyenne de 36 appels par jour, avec une durée moyenne de 20 minutes. La majorité des appels proviennent de victimes de violences conjugales, tandis que 22 % sont effectués par des proches ou des professionnels du secteur. Par ailleurs, 2 % des appels émanent des auteurs de violences conjugales.
Le 13 mars prochain, une concertation avec les acteurs du secteur permettra d’aborder la question de la mise en place d’un numéro unique à trois chiffres, garantissant un accès simplifié et immédiat à l’aide disponible.
2. Le dispositif DIViCo (Dispositif de Lutte contre les Violences dans le Couple) : une réponse coordonnée aux situations critiques.
Le Dispositif d’Intervention (DIViCo) intervient lorsque le risque de féminicide, d’infanticide ou de suicide est élevé. Il repose sur :
• Une évaluation rigoureuse de la criticité des situations grâce à l’outil intersectoriel Evivico, développé par le Pôle, permettant aux professionnels d’évaluer le risque d’un passage à l’acte irréversible (Féminicide, infanticide, suicide)
• Une concertation interdisciplinaire associant Justice, Police, Services sociaux et Santé pour co-construire des plans d’actions coordonnés de mise en sécurité ;
• Un suivi sous monitoring pour prévenir les passages à l’acte irréversible, agissant comme une cellule de soins intensifs des violences dans le couple.
Opérationnel depuis septembre 2023 et ayant été activé pour 82 situations inquiétantes, ce dispositif est le fruit d’une collaboration entre le Pôle de Ressources, la Ville et la Province de Liège.
Le dispositif DIVICO est actuellement déployé dans plusieurs provinces : à Liège, à Namur (sous l’appellation Espace VIF), dans le Brabant wallon (sous l’appellation DIViCo BW, porté par l’ASBL La Touline). Pour la province du Luxembourg, une demande de subside a été introduite par l’ASBL SMAJ . Il y a une volonté de lancer 2 dispositifs DIViCo en Hainaut : l’un à Mons et l’autre à Charleroi.
Un renforcement des financements pour les associations spécialisées, notamment le Pôle de ressources spécialisé en violences conjugales et intrafamiliales qui gère la ligne d’écoute Violence Conjugale et le dispositif DIViCo ainsi que l’élargissement du dispositif DIVICO à l’ensemble du territoire wallon est prévu et ce point sera prochainement présenté au Gouvernement wallon.
3. Former les professionnels pour mieux agir
Depuis plus de 15 ans, le Pôle propose des formations destinées aux professionnels de tous secteurs (justice, police, services sociaux, santé, éducation) afin d’améliorer la prise en charge des violences conjugales afin de mieux :
• Comprendre les mécanismes des violences sur partenaire et du contrôle coercitif ;
• Accompagner les victimes et les auteurs avec des outils adaptés ;
• Prendre en compte l’impact des violences sur les enfants exposés/victimes.
4. Une approche intégrée et interdisciplinaire
Soutenu par la Région wallonne, la Commission communautaire française (COCOF) et la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Pôle réunit l’expertise de plusieurs associations spécialisées : le Collectif contre les Violences Familiales et l’Exclusion (CVFE), Praxis, Solidarité-Femmes à La Louvière, et le Centre de Prévention des Violences Conjugales et Familiales (CPVCF) à Bruxelles. Ensemble, elles garantissent une approche cohérente et intersectorielle à l’échelle de la Wallonie et de Bruxelles.
Il œuvre pour une prise en charge globale et concertée des violences conjugales, intégrant une lecture systémique et genrée du phénomène.
En favorisant le travail collectif entre les différents secteurs, le Pôle de Ressources Spécialisées en Violences Conjugales et Intrafamiliales s’impose comme un acteur clé de la prévention, de l’intervention et de la formation.
Au-delà du soutien apporté à la ligne d’écoute et au dispositif DIVICO, la Wallonie souhaite déployer le “Pack Nouveau Départ” pour accompagner les femmes victimes dans leur reconstruction et travailler sur la responsabilisation et la prise en charge des auteurs de violences.